mardi 4 septembre 2018

Ne pas souffrir







La Dent de la Rancune se dresse devant nous. Plusieurs options: la contourner, peu d'effort. la gravir en ne sachant pas grimper ni s'assurer; beaucoup d'effort et chute et mort assurée. La gravir en sachant grimper et en s'assurant: effort et plaisir proportionnel au niveau physique et à la culture de l'activité que l'on possède ( comme pour la bouffe, plus le palais est éduqué plus on apprécie les bons plats!). La gravir en solo en étant un excellent grimpeur ( grimpeuse): on risque la vie en pleine conscience et en pleine lucidité: on gagne beaucoup d'émotion et de valeurs qui, comme l'essentiel de ce qui est important ( amour, amitié, courage...) ne s'achète pas!!!

Les temps sont durs et les victimes si molles; cette voie des gorges du Tarn n 'est pas un monument de l'escalade mais c'est un nom qui respire notre époque où l'on fait des commémorations à tour de bras mais où l'on a quelques peu oublié l 'esprit de résistance et le risque

Résistance à la souffrance qui est désormais la chose à bannir de notre vie. La souffrance est devenue une autre frontière à abolir. Ne plus l'écouter, la faire taire est le leitmotiv.
Toutefois dans bien des cas elle nous parle...elle nous permet de doser l'effort à fournir où le repos à tenir. Elle possède une nombreuse palette de nuance et souvent juste vouloir la faire taire est la garantie d'une longue convalescence!

Comme il n'existe pas de vacances sans travail, il n'y a pas de bien être sans douleur. Vouloir bannir la douleur est à mettre en parallèle avec la volonté de notre société d'annihiler le risque. En montant au Mont Blanc, bien souvent nos clients font cette réflexion en voyant des jeunes sans guides et non encordés: ils ne sont pas raisonnables, ça devrait être interdit...ils sont fous...Et le soir autour de la bière ils se gargarisent de leur aventure, que c'est extrême et autres lieux communs redbulisés.

Ces jeunes qui souvent n'ont pas trop d'argent sont autant à leur place en montagne que bien des personnes qui se payent le Mont Blanc comme un bien de consommation. Certains sont complètement inconscient des risques mais d'autres ont fait d'autres sommets et ont appris les rudiments de l'alpinisme.

C'est l'éducation, l'expérience, le bon sens qui permettent de prendre des risques, c'est l'accoutumance à une certaine souffrance qui entraîne la résistance. A vouloir tout lisser on fragilise les êtres et les société!

La souffrance est souvent une compagne fidèle, et, comble de l'histoire, quand parfois quand elle s'en va, on l'attend et elle ne vient plus, on l'oublie alors peu à peu...mais on a su l'accueillir et on le saura à nouveau

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