mardi 3 janvier 2012

Voyage au Kyrgystan suite

Apres une nuit réparatrice, nous nous retrouvons au petit matin pour le petit déjeuner. C 'est avec bonheur que nous ouvrons le café russe, soluble. Bonheur de courte durée car il est bien en dessous du pire soluble que l'on trouve chez nous. Apres plusieurs jours nous nous habituerons presque. Nous divagons toute la journée près du camp, un peu de toilette, des étirements, et à chaque instant, un furtif regard vers la tour russe qui nous domine. Nous en connaissons quelques peu l'intimité mais elle n'a rien perdu de son élan et de sa sauvagerie. Nous étions de passage, peut être était ce un rêve? Quand je vois les mains d'Antoine, je suis sûr que la réalité fut un combat âpre.
Entre deux siestes, de la lecture et des passages à la tente mess pour manger quelques friandises, finalement pas si nombreuses ( les courses pour 15 jours ne sont pas notre spécialité? d'autant plus que le passage à Batken entre le "coucou" de Air Kyrghiz et le camion rafistolé à été rapide), nous commençons à évoquer les possibilités futures. La nuit arrive, étoilée comme toujours pendant ces vacances.

Le soleil est haut quand je sors du duvet. Comme souvent on récupère davantage la seconde nuit: plus de relachement sans doute. Nous partons faire un tour pour repérer des lignes à ouvrir ou a répéter. Il y a plusieurs possibilités. Antoine est partant pour une seconde grande virée. Moi je préfèrerai ouvrir une voie...plus courte et moins engagée. Finalement,l'objectif étant atteint, la pression est retombée d'un cran. Le voyage est sauvé si l'on peut dire.
Même si la montagne ne se déroule pas dans un stade, toujours subsiste une petite notion de compétition. Les termes de réussite, d'échec sont ceux de notre civilisation. Même si nous sommes attentifs à tous ce qui nous entoure, à ce monde nouveau pour chacun d'entre nous, nous venons aussi, même sans nous en rendre forcément compte, avec notre logique occidentale, basée sur la performance, la "rentabilité" du voyage..L'avoir à l'esprit est déjà pas mal!

Entre deux séances de bloc et de lecture, je suis aller repérer de mon coté pour ouvrir. Devant le ragoût, avec Antoine, nous faisons un petit briefing et il apparaît que nous avons repéré la même chose. Le programme du lendemain est fixé...heureusement car nous commençons après deux jours de repos à avoir épuisé nos lectures respectives. Pourtant, j'avais pris un truc bien difficile à tordre: une thèse de sociologie ( sur l'escalade tout de même, faut pas exagérer!; "les voleurs de falaise"/Eric de Leseleuc/ Presse Université Aquitaine). Je l'aurai lu trois fois dans ce séjour au bout du compte...Clin d'oeil à Pierre Rouzo et Hugues Beauzille d'avoir inspiré cet ouvrage et d'avoir créé la falaise de Claret.

Après une mauvaise nuit, je suis malade le lendemain. Cela ne va heuseument pas durer. Toutefois une journée de plus où nous lisons avec entousiasme, il reste des pages vierges encore ( roman la prophétie des Andes, De l'eau pour les éléphants, le journal d'un docteur de campagne). Les affaires dans la tente perso commence à être mal rangée et je commence à trouver la vie monotone, même si je suis malade, mais cela va mieux en fin après midi.

Le lendemain, les sacs sont prêts: escalade. L'objectif accomplis, c'est vrai qu'il est plus dur de se motiver. Surtout en restant au même endroit. Comme je le disais plus haut, nous ne savons pas facilement nous satisfaire de ce que nous avons. Toujours envie d'aller voir ailleurs. Cet esprit d'aventure ,qui depuis les Anglais, Français, Espagnols, Portugais, Italiens de la Renaissance,  est porté au pinacle, est peut être la cause de bien des déprimés actuels...et ces voyages sont la sources de biens des bonheurs aussi!

Finalement nous prenons pour objectif une voie en dalle de 300 m avec quelques longueurs en 6c. Antoine part dans la première...Nous avons repéré le relais à 30 m environ. Il y a un vieux point de 8 mm à 10 m sol et ensuite pas grand chose pour se protéger. Un petit pas délicat avec un retour au sol possible depuis 20 m de haut  enlève à la cordée l'envie d'engager en dalle pendant 300 m, sur le rocher un peu lichenneux. Pourquoi les ouvreurs ont ils équipé ainsi? Leur voie équipée plus sportivement aurait eu plus de succès! Cependant, après avoir planté un spit au tamponnoir, nous imaginons leur envie d'économiser leurs forces s'il n'avaient pas de perfo... De plus, à titre personnel, je me trouve moins bon en dalle qu'il y a 15 ans, avant la généralisation du pan et du devers...

Il n'est pas tard et au pieds de la paroi nous décidons d'aller voir ce que nous avons repéré, sur le versant opposé. Nous retraversons la vallée, enjambant les résidus des coulées gigantesques de boue qui descendent des vallons hauts perchés au coeur des murailles.

Après une approche sans problème nous arrivons devant un système de fissures en très bon rocher. Après une première longueur en 6a, le temps commence à se couvrir et après les deux autres longueurs de même difficulté, nous décidons la réchappe sous les grosses gouttes. Nous arrivons à la tente en même temps que les parois se transforment en chutes du Niagara...Nous avons trouvé un relais, était ce déjà ouvert, était ce une descente?

La soirée se passe désormais dans une presque routine. Le ragout commence à faire ses premiers effets. Antoine est bien malade le lendemain. En habitué des expé et de l'adversité il fait le "dos rond" et encaisse sans s'affoler. La première pharmacie et le premier docteur, c'est moi et la trousse à pharmacie préparer par Fred avant de partir. Elle paraissait toujours trop grosse avant ( le poids, le poids...toujours trop lourd...avant de prendre l'avion). Maintenant elle parait presque dérisoire, mais il lui reste encore quelques ressources en anti biotique. Cela permettra de stabiliser et de soignée ( après une rechute) le fièvre d'Antoine.

Après quelques jours, cela va mieux. Nous envisageons le retour. A cette perspective, Amir, le cook, est tout joyeux et il nous fait des concerts avec le baton de ski comme guitare. Les plaisanteries sur les femmes sont aussi universelles que l'espéranto et nous rigolons désormais plus facilement; sauf quand arrive l'heure du ragout.

Enfin nous chargeons un bon matin les mules et plions le camp. Une des mules est accompagnées de son adorable petit "anon", qui se méfie de nous et des hommes en général. Nous comprendrons bientôt pourquoi...Finalement nous n'avons qu'un muletier et avec Antoine nous faisons une formation sur le tas. On ne sait plus qui commande, peut être sont ce les mules? ceci étant, personne ne pense à s'arréter et Amir, fracassé, après 45 km, fini par monter sur une des trois mules. Nous nous demandons quand est ce que l'on va se poser, voyants les signes de faiblesses des bêtes. A coup de baton celles ci avancent encore. Elle sont pourtant souvent sur les rotules, au sens propre!  Tout a coup, Amir s'énerve après le petit âne à grands coups de baton, sa mère qui l'a trimballer un peu plus tôt subie elle aussi des grands coups, ce qui dans un passage expo la fera tomber à la rivière, roulant sous la charge dans le ravin sur 15 mètres. La tete sous l'eau, les sac la faisant coulé, nous entrevoyons le plan bien galère quelques instant, si elle se fait prendre par le courant ici impressionnant. Après une demi heure de bourrinage, la mule, encordée, est hissée hors de l'eau. Nous sauvons l'anesse et nos bagages...

Nous constaterons cet amour des bêtes qu'on certain kyrghisz quand une mégère locale, hotelière patentée, qui a voulu nous vendre deux bières à 8 euros, a pris un petit mignon chaton de quelques semaines et l'a balancé, sans sourcillé ni interrompre ses explications sur les tarifs, bien au dessus du mur d'enceinte!

Amir nous a fait réver au CB avec ISSY KOL, station balnéaire Kirguyze, patrimoine de l'UNESCO. Pour finir nous décidons d'y passer 3 jours. Après avoir réglé les formalités avec l'agence locale à Bistec ( tian shan travel, très pro), nous prenons un taxi pour 5 h00 de route. A 150 de moyenne sur ces routes sans signalétique, dans une voiture somme toute très correcte, nous arrivons au "Las Vegas kirghyze"...Il fait nuit et Antoine, qui économise les anti biotiques, fait une rechute et est très fiévreux...après 5 h00 de route, il est hors de question de refaire 5h00 dans l'autre sens.  C'est vrai, qu'en arrivant, je n'ai eu qu'une envie : repartir. Nous sommes dans une pièce potable, mais l'hotel est dans une zone qui ressemble à un terrain vague et 3 jours ici seront longués...Toutefois nous allons y découvrir avec plus d'acuités les traces laissées par les soviétiques: jardins publics, statues, parc, etc...infrastructures balnéaires désormais à l'abandon. Les cahutes reprennent le dessus et s'il y a des "palaces", c'est désormais dérrière de hautes palissades. Le site est d'une grande beauté et se laisse apprécier, une fois que l'on a compris sa dimension et que l'on se met dans la peau du voyageur ( qui s'adapte aux conditions locales)  et non plus dans celle du touriste ( qui voyage avec ses habitudes et son cadre de vie: hotel, douche, pas d'imprévu ). Le retour à l'aéroport, dans la voiture de l'hotelier vaut aussi des points! il ne savait pas ou s'était n'étant pas sorti d'Ysy Kol depuis des lustres, c'est téléguider au portable, par son fils, après maint aller retour et une crevaison ( il roulait ensuite avec la mini roue à 130) que nous arrivons à l'aéroport international.

Ysi Kol c'est la baignade dans cette eau douce, cristalline et pourtant chaude, une mer, une ligne d'horizon de sommets de 7000 mètres: c'est un grand souvenir, une grande sensation de liberté au milieu des mosquées et des russophones.

Il est bizarre de constater qu'a l'aller cela paraissait être "roots et désuets" et comment maintenant cela paraît être à la pointe du confort. Il y a même un medecin, que je vais consulté d'ailleurs car je suis bien KO. Il m'apprend que j'ai 40° de fièvre et il ne trouve rien de mieux que de me donner un anesthésiant  afin que je prenne l'avion...

Le dernier jour a été fatal à ma santé et c'est bien malade que je rentrerai, Antoine ayant quant à lui récupérer pour le voyage!

le temps est long...et la panne de batterie en plein mileu de Paris relève de la simple anecdote...même si sur le moment je crois que l'on a penser à craquer...

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